Depuis 2019, le collectif « Changer de cap » vise à faire converger revendications sociales et écologiques et à défendre le service public. Il documente de manière remarquable les dysfonctionnements des CAF. Allez lire leur dernière lettre d'information ici : vous y trouverez la réponse du directeur général de la CNAF aux interrogations du collectif quant à la prochaine Convention d’objectifs et de gestion (COG) 2023-2027. Pour ma part, j’ai répondu au directeur général de la CNAF à titre personnel. Voici mon courrier : Monsieur Nicolas GRIVEL Directeur général de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) 32 avenue de la Sibelle 75 685 Paris cedex 14 Objet : réponse à votre courrier du 1er février 2023 adressé à « Changer de cap »
Monsieur le Directeur général de la CNAF, J’ai pris connaissance avec attention de votre courrier en objet et je vous remercie d’avoir entamé un dialogue dont l’avenir dira s’il est sincère ou de circonstance. En mon seul nom, je me permets de vous faire part des réactions provoquées par votre courrier, étant précisé que les annexes à ce dernier feront l’objet d’une réponse distincte et que les termes ci-après soulignés l’ont été par mes soins. A titre liminaire, vous rappelez à juste titre l’ampleur des missions des CAF, tant s’agissant des 13,6 millions d’allocataires que de la quantité de règles à traiter. Vous vous prenez vite les pieds dans le tapis rouge que vous vous êtes déroulé puisque, à vous lire : « Cet engagement de paiement n’a jamais connu de défaillance, même au pire moment de la crise sanitaire alors que le pays était à l’arrêt ». Ma gorge me gratte. Je pense à tous les allocataires dont les prestations sont bloquées le temps que soit étudié le dernier document transmis et qui, dans l’attente, se demandent comment ils vont manger. Je me permets la précision suivante : votre engagement de paiement n’a jamais connu de nouvelle défaillance au pire moment de la crise sanitaire. Car le système informatique des CAF est bien traversé par un certain nombre de dysfonctionnements, systématiques en pratique bien qu’illégaux en droit. Je me contente ici d’en nommer trois, les détaillerai dans un prochain courrier :
Il s’agit de trois variations du même thème : les Caf veulent récupérer, le plus vite possible et quoiqu’il en coûte pour les allocataires, des sommes dont elles estiment qu’ils sont redevables. Cette philosophie peut être ainsi résumée : le doute doit profiter à l’accusateur. De mon côté, je décide de vous le laisser, poursuis ma lecture, le regrette vite : « C’est précisément le numérique qui nous permet d’honorer cet engagement de fournir des prestations à l’ensemble de nos allocataires. Le numérique n’est donc pas par nature opposé à l’accès aux droits, mais au contraire une condition de celui-ci […] ». Certes, plus c’est gros plus ça passe mais là, quand même, vous y allez un peu fort. Comment ai-je pu : oublier les files de français fiévreux qui, au sortir de Seconde Guerre, présentaient leur QR code de rationnement ? Croire que la Sécurité sociale était le fruit du Conseil national de la Résistance alors que c’est bien entendu Monsieur Bill GATES qu’il faut féliciter ? Cette conception du numérique semble donner raison à l’adage selon lequel « le poisson pourrit par la tête ». Je saute la page suivante, pure novlangue selon moi, pour en venir à cette remarque : « Je regrette aussi que les progrès et réalisations significatives de notre institution soient ainsi occultés au risque d’affaiblir in fine un service public […] ». Sous-entendre que le meilleur moyen d’aider un service essentiel, c’est en taire les dysfonctionnements comme s’abstenir de déplorer sa sous-dotation chronique, il fallait oser. Mais comme le devoir de neutralité n’est pas synonyme de celui de réserve, que la liberté d’opinion est garantie aux agents publics et qu’il ne faut jamais se décourager, j’espère de tout cœur vous croiser, lundi 1er mai, aux côtés des travailleurs et des allocataires, pour défendre les valeurs communes qui nous sont chères. A moins que vos fonctions consistent à prendre la relève de la partie d’échecs ci-après ?
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